C’est déjà le troisième album pour WERF avec le même quartet et le sixième dans la série « finest in Belgian Jazz » que le centre culturel brugeois publie à l’occasion de « Bruges 2002 ». C’est dire si Ben Sluijs et ses compagnons sont appréciés par les amateurs et la critique. L’artiste Anversois a mis un soin particulier à concevoir cet album qui préfigure sans doute un tournant dans sa carrière vers des formes plus libres et vers des créations spontanées en duo ou en trio (première partie de « Flying Circle ». L’illustration des poèmes sur « Stones » et quelques essais du défunt « Travers » nous l’avaient laissé pressentir.
Au virtuosités qu’il développait abondamment lorsqu’il jouait hard-bop, Ben préfère aujourd’hui une recherche sur les sonorités ( maîtrise du souffle dans le bec sur le mélancolique et noir « Medieval ») et une introspection par harmonie qui paient un tribut aux classiques européens du siècle passé comme Scriabine. Le jeu de l’altiste reste un patchwork d’écoutes ( Coltrane à l’occasion du premier solo sur « Exactly what I don’t mean », Monk pour l’écriture de « Mouth Peace » et l’approche d’Erik Vermeulen au piano) mais il transpire aujourd’hui d’une belle assurance, d’une belle quiétude (« Xzen »). Piet Verbiest(b) fournit un accompagnement rigoureux de classicisme alors qu’Eric Thielemans drive à la manière contemporaine, proche du découpage des mélodies, légers sur les peaux et les cymbales.
Le court et exotique « Second Flight »
me rappelle les « Sounds of Nature » de Yussef Lateef.
Ben offre sur ce morceau un beau son de flûte avec un passage en gammes qu’il
a peut-être emprunté aux finales de Jacqus Pelzer sur le « Theme for
Freddie ».
Un très bon disque d’un artiste mature.